lundi 30 mars 2020

Confinement J18

Confinement à Kinkempois j.18
Je te mets en vrac ce qui me passe par la tête vu qu'il y a le même souk dans mon cerveau que dans mon bureau.




-j’engueule la télé (toutes émissions confondues journal, divertissements, séries), du coup, je la regarde presque plus...
-mon fils me parle comme si j’étais sa pote (quand je lui demande où il va à 6h20 du matin, il me répond : "t’es de la police?" sic)
-ma consommation de gluten est en forte hausse
-les somnifères n’ont plus aucun effet sur moi
-les enfants sont comme des gremlins, après 21h ils deviennent sauvages
-je fais ma liste de choses "à faire" en les dictant à mon téléphone parce que j'ai la flemme d’écrire et je parle à mon gosse en même temps, du coup ça donne : laver la baie vitrée elles sont au dessus du micro-ondes, téléphoner à la mutuelle mange les deux si tu veux 

(et oui, charge mentale ou tyrannie de la beauté quand vous nous tenez, d'ailleurs merci Marie-Claire Maison et RTBF Tendance  pour ces grands articles qui vont vraiment contribuer à confirmer mon rejet d'une certaine presse féminine ou de certains médias)





-on fait l’analyse cinématographique, scénaristique, jeu d'acteurs, musique, cohérence des épisodes des Mystères de l’amour tous les matins (après avoir copieusement engueulé les acteurs)
-mon fils joue en live à Unreal tournament (interdit aux - de 16 ans) dans la maison
-on transpose les discussions familiales sur Messenger et elles finissent en dispute mais avec des filtres oreilles de lapin
-sous prétexte qu’elle coud de masques pour nous, ma fille refuse de participer aux taches de la maison
-mon mec se déguise en Dark Vador pour aller faire les courses
-j'ai définitivement renoncé à répondre aux trolls sur les réseaux sociaux
-j'ai accepté de jouer au Monopoly (mais faire la banque)
-mon Mec est parti chercher des œufs comme s’il partait à la guerre, je lui ai dit: si tu reviens sans, c’est même pas la peine de revenir
-du coup tant que tu sors, tu peux prendre du produit vaisselle, des concombres, de tomates pelées, et quand même de la farine et de la levure on sait jamais...
-je hais le sourire pepsodent et la positive attitude de Sarah de Paduwa et la fausse compassion de Benjamin Maréchal, j’ai envie de les tuer , vraiment
-je regarde la fonction "activité de vos amis sur Spotify" et je sais tout de suite qui écoute la musique seul ou avec ses enfants (:-DDD) 
-"ça va aller ça va aller" et bien non, peut-être que ça ne va pas aller, en tout cas, je ne sais pas si ma santé mentale ça va aller, je sais bien qu'on ne crèvera pas tous de ce virus vu qu'on vit comme dans une chambre stérile depuis plus de 15 jours mais depuis 18 mois à chaque fois qu’on m’a dit "ça va aller" et que j'ai essayé de rationaliser en ne prévoyant pas le pire à chaque fois, et bien je m'en suis pris PLEIN la gueule donc gardez votre optimisme niais (du moins ce qui concerne ma gestion psychologique de la situation oui la santé de ma fille)
-je crois que mes recherches sur Google résument bien mon état d'esprit


-je suis une pauvre ringarde à continuer à écrire sur un blog, je mérite bien ma quarantaine ...

Allez, je vous embrasse pas ...

lundi 23 mars 2020

Grosconnardvirus

Bon, on ne va pas se mentir mais après plus d'une semaine de confinement (11 jours pour nous en fait), on a vachement l'impression d'avoir épuisé une grosse partie de nos ressources intellectuelles, psychologiques et physiques. 

Après avoir fait joyeusement des listes de séries et de films à bingewatcher, de repas délicieux et de pâtisseries à préparer, de promenades accessibles aux PMR (avant de découvrir qu'on ne peut plus partir à 20km de chez soi), après avoir imprimé des coloriages de virus (merci Elise Gravel), après avoir éteint jusqu'à une date indéterminée son réveil-matin, après avoir listé avec les enfants tous les bricolages et activités qu'ils avaient envie de faire, on est à court d'idées et l'euphorie des congés "imposés" dont on a tous rêvé se transforme en profonde dépression (oh non, ça on l'avait peut-être déjà...)

Alors, j'avais pensé à mettre des tas d'idées en ligne: 

  • 5 idées de pyjamas pour rester chez soi (ou garder le même jour et nuit pendant 5 jours)
  • 5 moyens d'empêcher vos enfants de s'entretuer
  • 5 moyens de rester une femme en quarantaine (juste se laver les cheveux, s'habiller ce serait cool, le maquillage ce sera "nude" jusqu'à la fin)
  • 5 moyens de faire de faire de la pleine conscience seul ou en famille (en gros tout le monde ferme sa gueule quand on mange)
  • 5 petits bonheurs du quotidien pour se réapproprier sa vie et s'émerveiller des jolies choses qui nous entourent (pourquoi j'ai pas une grosse baraque, pourquoi j'ai pas un jardin, pourquoi j'habite à Angleur, pourquoi j'ai eu des gosses)
  • 5 recettes réconfortantes, locales, bio et saines (à base de pâte à pizza, d'huile, de pommes de terres frites, de fromage, on a tous bien compris après 3 jours qu'on finirait avec 5kg en plus d'ici ... semaines)
  • 5 pâtisseries à faire en famille (les sablés + déco ça peut les occuper 4h, après c'est environ 2h de nettoyage)
  • 5 "astuces" pour passer l'envie de clope ou d'alcool (l'heure de l'apéro est avancée d'1/2h tous les jours, on a tous compris qu'on finirait AUSSI alcoolos parce qu'on va commencer à boire à 10h du matin d'ici 2 semaines) 
  • 5 activités ou bricolages qui occupent les enfants plus de 20 minutes (à part les perles Hama et le pâte Fimo, pas trouvé mieux que téléphone, tablette ou Nickelodeon)
  • La liste des Avengers à regarder dans l'ordre (24 films, il y a moyen de tenir, à raison d'1/2 après le souper vu qu'après 1h, tout le monde dort et qu'il faut faire pause toutes les 1à minutes parce que les gosses ne comprennent rien toi non plus d'ailleurs)
  • 5 techniques pour faire l'école à la maison et passer de mère à prof à la Mary Poppins (genre c'est déjà mon boulot alors franchement , pour ça, j'ai pas de patience)
  • 5 basiques de la cuisine à apprendre à ses enfants pour qu'ils sachent se débrouiller quand ils quitteront le nid (histoire de ne pas devoir jouer Conchita encore pendant 5 ans)
  • 5 activités du quotidien  à apprendre à tes mioches pour qu'ils ne te cassent plus les couilles quand ils vivront seuls (repassage, nettoyage, tri du linge,...)
  • 5 applications à télécharger pour passer le temps (et faire des montages photos avec la tête de ta soeur qui avait 1 an)
  • Comment coudre une muselière un masque de protection facilement
  • De l'utilité d'avoir passé plusieurs mois de confinement à l'hôpital (no comment)


Mais quand j'allume mon ordinateur, je ne lis que ça donc pas besoin d'en ajouter des couches...

En vrai, le volume sonore de la voix des enfants sur What'sapp ou FaceTime , on s'y est habitués. La réponse aux questions "on mange quand? " et "on mange quoi?" vous y répondez par "ta g*****" instinctivement. L'apéro quotidien qui était censé débuter à 18h, vous le commenceriez bien à 15h. Les infos anxiogènes vous ne les regardez plus. Quand je disais aux gens l'an dernier "tu peux pas comprendre" et bien là, vous pourrez comprendre certains trucs, imaginez juste la même situation avec votre enfant qui est malade, gerbe partout et chauffe dès qu'elle a un rhume...

Ceux qui disent "Restez chez vous" ont raison mais parfois, on doit "juste" prendre l'air. Tout ça n'arrangera pas notre burn-out parental ni les questions de charge mentale et on n'a pas envie d'entendre que ça nous apportera quelque chose tout court... 

Allez, courage !






lundi 2 mars 2020

NON

lundi 7h15: Je me lève et je me casse, « désormais, on se lève et on se barre » comme l’a si bien écrit Virginie Despentes dimanche 1/3/20, et je vois dès ce matin un parallèle flagrant avec ma réaction à l’hôpital la semaine dernière avant même d’avoir lu son texte. Je me lève et je me casse, je l’ai fait deux fois mercredi, deux jours avant Adèle (et je l’avais déjà fait plusieurs fois les dernières années), maintenant j’appellerai ça « faire une Adèle H » mais quand je l’ai vue, j’ai pensé tout de suite « houla, elle nous fait une « Julie H », elle s’est levée devant mille personnes, elle s’est barrée, moi, jamais plus de 50, dans la réalité ou dans le virtuel. C’est lourd de sens, c’est violent sans l’être, c’est symbolique, ça matérialise ce refus : ça suffit, qu’on nous prenne pour des connes et des cons, qu’on nous imagine trop débiles pour comprendre, qu’on nous chie à la gueule ouvertement, ça suffit le manque de respect, ça suffit de se faire imposer des choses parce qu’on est « les petits », ça suffit de tolérer l’inacceptable. Stop. S’il faut se lever et partir pour montrer son désaccord, faisons-le toutes et tous. Je ne récupère absolument pas ce qui s’est passé ce WE dans le monde culturel français et les combats que je mène sont bien loin et bien plus personnels que ces combats très dignes que je soutiens (et dans lesquels je m’engagerais davantage si j’avais plus de temps), mais je m’associe à une réaction que j’ai eue, moi aussi, deux jours avant, se lever et se barrer, c’est primaire, ce n’est pas constructif diront certains et bien, je m’en branle !

Le bonnet de chimio j’ai accepté, le PAC j’ai accepté, les prises de sang à domicile tous les jours j’ai accepté, la préservation de la fertilité par ovariectomie j’ai accepté, le visage bouffi par la cortisone j’ai accepté , la privation de liberté j’ai accepté, les ponctions faites par l’assistante qui s’y reprend à 4x pour charcuter le dos de ma fille j’ai accepté, 5 personnes dans la chambre qui observent j’ai accepté, l’enfermement en unité stérile j’ai accepté , les reports de traitement j’ai accepté, les régimes alimentaires j’ai accepté, l’annulation des vacances j’ai accepté, passer à mi-temps pour gagner un salaire de merde j’ai accepté.

J’ai accepté tout ça au nom de la guérison, de mon ignorance, d’un combat contre la maladie. Mais ma fille dans un fauteuil roulant parce qu’on a négligé de suivre de près les dégâts causés par la cortisone (censée la soigner), je refuse, et je refuse qu’on s’adresse à moi comme à une merde, je refuse qu’on n’envisage aucune alternative, je refuse qu’on ose la priver de liberté, je refuse les « mais ça va aller, vous avez des ressources, vous allez trouver des solutions »,  je refuse parce que putain de merde, tu sais pas ce que c’est, moi-même je ne suis pas dans la tête d’une gamine de 12 ans...

Peut-être qu’en ce moment je suis trop autocentrée sur notre malheur, certainement je suis incapable de me réjouir pour les autres (c’est dur de lever son nez de son petit trou du cul bourgeois), probablement je dresse des obstacles à la communication mais sincèrement, seul on n’y arrive plus, après 18 mois on est exténué. Alors oui, je me casse, je tourne les talons aux médecins qui me manquent de respect, à l’institution médicale qui ne fait pas son travail, aux gens qui ne sont pas là pour moi au moment où j’en ai besoin parce que je suis perdue, aux donneurs de leçon, à la positive attitude ... je leur dit merde et si j’avais été Adèle, j’aurais ponctué ce départ d’un beau gros FUCK avec le doigt.