mardi 2 mars 2021

Vous en reprendrez bien un peu?


De confinement ? De culpabilité judéo -chrétienne ? De prise de sang et d’après-midi aux urgences, d’attente de résultats ? D’envie de gerber.




Le poète français Frank Ribery a dit "j’espère que la routourne va tourner" moi aussi, mais je me demande bien quand…

Je ne vais ici énoncer, pour la plupart, que des banalités mais il me semble nécessaire de les consigner quelque part, au cas où un jour ou aurait oublié , on sait jamais , la résilience existe, on nous assez bassiné les oreilles avec ça.

Donc, aujourd’hui 2 mars 2021, confinement jourjesaispluscombienmaistrop, nous sommes toujours limités à un contact social rapproché (aka lesansmasque-que-vous-pouvez-voir-mais-qui-ne-peut-pas-voir-le-reste-de-votre-famille-sinon-lui-ça-lui-fait-4-contacts-rapprochés-d’un-coup), ça va faire un an qu’on patauge dans ce gros vomi de covid et on sature, un an qu’on ne sait plus travailler, vivre, sortir normalement. On vaccine des gens mais on ne sait pas trop qui, on ne comprend plus les règles, d’ailleurs ça va faire 6 mois qu’on nous enfume sans trop de perspective « tenez bon » et "arrêtez de pleurnicher" je peux plus entendre ces injonctions à garder le cap, j’ai accouché 2 fois, donc tenir bon, je sais faire, merci et là je ne je vois plus pourquoi. Même que c’est interdit d’aller s’asseoir avec des potes dans un parc PUBLIC pour boire des coups (vu qu’on ne peut plus le faire chez soi en théorie bien sûr). Bref, on porte atteinte à nos libertés, on a peur de faire un pet de travers sous peine de se taper une amende et on panique quand on est sur la route à 22h, ah non ça a changé, depuis hier , on peut rentrer à minuit (de nulle part vu que tout est fermé ou on revient de chez des poteschezquionestalléssemurger-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le nom-ni-donner-ladresse). On est tellement lessivés et en manque de VIE qu’on laisse nos gosses devant les consoles et on n’a pas toujours le courage de planquer ces dites consoles le soir en allant dormir pour qu’ils ne s’éveillent pas pour jouer à Minecraft à 6h du mat un dimanche, on a même recommencé à acheter des goûters tout faits parce que flemme de ranger et nettoyer la cuisine 1h pour un cake et une boite de biscuits maison qui auront disparu dans 2 jours et qu’il faudra recommencer entre 2h de cours à distance parce que qu’on n’est pas jugé comme « cours essentiel qui doit être donné en présentiel » , la maitrise de la langue orale parait que ça s’enseigne super bien sur Teams avec 3 caméras valeureusement allumées sur 20 et 10 micros pourris, je vous jure, on travaille surtout le non-verbal et moi je m’agite sur ma chaise du bureau comme un pantin articulé  ou une marionnette liégeoise durant 2h 3x par jour, en faisant des mimes et en imitant des timbres de voix, on S’ECLATE !

Alors pour couronner le tout, il ne faut pas oublier qu’à Kinkempois Beach, une fille de 12 ans et ½  se remet lentement d’un cancer qui lui a littéralement bouffé 2 ans de sa vie (et les os). Et quand cette gamine a de la fièvre et est faiblarde c’est panique à bord, Die Hard 2021, flashback du jour le plus horrible de ta vie, stress, médecin traitant, défenses immunitaires basses, coup de fil à l’oncologue, retour aux urgences, 3 infirmières, un bracelet d’abattoir en plastique au cas où on oublierait comment elle s’appelle, 3 médecins qui se succèdent, des malheureux assistants habillés comme pour aller sur la lune qui doivent en référer à leur supérieurs et qui ne comprennent rien à tout l’historique que tu leur déballes avec précision comme un robot « euh plus lentement et attendez je vais aller en parler à mon collègue » (et puis Madame, avec le casque je n‘entends rien en fait et quand je parle ça résonne mais on ne m’entend pas dit-elle après avoir demandé 4x « EST-CE QUE CA BRULE QUAND TU FAIS PIPI ? ») 

et après, classique : à l'accueil "vous venez faire une prise de sang mais pourquoi aux urgences? peut-être connasse parce qu'elle est en rémission d'un cancer depuis 6 mois mais qu'elle a eu de la forte fièvre et qu'elle ne va pas bien", cathéter (parce que par principe, on refuse de piquer dans le PAC , trop de mauvais souvenirs), "et la chaise roulante c'est parce qu'elle est faible? " (non on trouve que c'est design), prise de sang, radio des poumons, test covid et tout le tralala, les bruits assourdissants qu'on n'avait pas oubliés : le tensiomètre, les bips intempestifs, les bébés qui hurlent dans la chambre à côté, les portes battantes automatiques qui s’ouvrent et puis il y a les odeurs aussi : caoutchouc du garot, du masque en papier de l’hôpital, du gel hydroalcoolique de l’hôpital, de ta transpi parce pas de bol, c’est le jour où t’as décidé de mettre ton déo bio à 10 balles inefficace en cas d’urgence sudatoire, la mémoire de la peau : toucher le matelas recouvert de plastique, la blouse rèche. Et puis l’attente, interminable, les minutes sont des heures , ½ heures en parait 3…l’impatience, les « je vais leur pêter leur grosse gueule s’ils se pointent pas dans les 10 minutes ». Sans oublier les sms « on a toujours vu personne », « on attend de faire la prise de sang », « on attend le médecin », « on attend les résultats », cette gerbe au fond de ta gorge qui n’attend qu’on mot pour sortir. Et, pour couronner le tout, il y a ces questions qui ne se posaient pas avant : et si je rechute ? et si je dois rester ? on fait quoi ? et bien, on retrousse nos putains de manches, on prépare un sac, on fume 3 clopes, on affonne un truc bien alcoolisé, et on attaque, on repart, comme si c’ était la première fois. Bien entendu, ce sera un happy end ce 2 mars, pas de souci, juste un microbe, un virus (pas celui à la mode), une capacité moindre à se remettre après avoir eu ses défenses mises à rude épreuve. Une journée hors du temps, il y en aura peut-être d’autres, et puis on apprendra à vivre avec ça, ça ne sera jamais comme avant, ça ne sera jamais plus une vie « normale », les médecins ont compris, nous rassurent, ils savent, parce qu’eux aussi ils ont eu chaud mais ils en ont vu d’autres. On se dit que personne ne peut se mettre à notre place, on dit "tu peux vraiment pas comprendre", au retour on pleure, on chante tata yoyo , on parle, on a une vraie logorrhée et on s’écroule de fatigue parce demain, la vie reprend, on en a presque oublié notre vie confinée -de merde- avec notre boulot -de merde dans sa configuration actuelle- mais c’est une petite décharge qui nous force à rester éveillés, en position de combat, Rasengan (oui j’ai dû vérifier l’orthographe) comme dirait mon fils…



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